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Lettre à mon ami @jeantremblay12
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Publié le 06 juillet 2014 à 13h44 | Mis à jour à 13h44
Joël Martel
Le Quotidien(Chicoutimi)
Salut Jean,
tu dois bien t’en douter, je t’écris en lien avec à peu près l’ensemble de ton oeuvre au cours des derniers mois. Si j’ai pris autant de temps avant de m’adresser à toi, c’est que j’habite à Alma et vu que tu n’es pas mon maire, je m’étais gardé jusqu’ici une petite gêne. Or, tu sais comment sont les gens de Montréal, ils finissent toujours par mélanger le Lac et Saguenay. Alors me voilà.
Tout d’abord, tu remarqueras que je me suis permis de te tutoyer et la raison qui explique cela en est fort simple. Vois-tu Jean, comme je suis journaliste, j’en conclus que tu m’as qualifié de cruche il y a quelques semaines. De ce fait, étant donné que tu as justifié cette boutade en évoquant l’humour, je prends pour acquis que nous sommes en quelque sorte des amis. Parce que tu le sais autant que moi, des chums, ça se taquine et du même coup, ça se tutoie.
Maintenant, je tiens à ce qu’il n’y ait pas d’ambiguïtés entre toi et moi. Et je ne voudrais surtout pas que tu crois que je t’écris dans le but de chialer. Oh que non. Si je t’écris aujourd’hui, c’est avant tout pour te remercier.
Vois-tu Jean, depuis ma tendre enfance, j’ai toujours eu un certain talent pour faire rigoler les gens. Je te dirais même que jusqu’à la fin de mon adolescence, je songeais sérieusement à faire carrière dans l’humour. Et puis, une fois à l’âge adulte, j’ai fait comme bien des gens. La chienne a fini par me gagner et j’ai choisi une voie que je jugeais comme étant beaucoup plus prudente. Ici, je t’avertis. Si jamais tu es en train de boire ton café, je te conseille de le poser sur la table avant de lire ce qui suit parce que tu risques d’en rire un bon coup. C’est fait? OK.
Alors, comme je te disais, j’ai préféré jouer de prudence dans mon choix de carrière alors j’ai décidé de faire un Bac en études littéraires. Hahaha! Je te l’avais dit que j’ai le don d’être drôle!
Il reste qu’avec un peu de recul, je m’en suis plutôt bien tiré. J’ai maintenant un boulot respectable, or, comme le disait l’oncle Ben à son neveu Spiderman: «Avec les grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités.»
Ça, vois-tu Jean, ça veut dire qu’il faut souvent que je garde ma langue dans ma poche. Dans le monde du journalisme, ils appellent ça le devoir de réserve. Généralement, ça ne semble pas trop être un problème pour mes collègues, mais dans mon cas, tu ne peux pas t’imaginer à quel point c’est difficile de négocier avec ça. Que veux-tu Jean, je suis un gars de même. J’aime ça faire des blagues sur tout et sur rien, mais bon, mes patrons n’aiment pas trop ça.
Là, quand je te dis que c’est difficile, je ne peux pas être plus sérieux. Mais avec le temps, on finit tranquillement par s’y faire et on se dit qu’un jour, la vie finira bien par nous mener sur un chemin où on retrouvera de nouveau le droit de dire tout ce qui nous passe par la tête, tout en occupant un travail prestigieux.
Si tu savais combien de nuits que j’ai pu passer à me casser la tête afin de me trouver un boulot comme ça. Et puis un matin, en lisant le journal, tout est devenu limpide. Tout ça, grâce à toi.
J’ai réalisé qu’en tant que maire, tu avais pas mal le droit de dire ce que tu voulais. En fait, à bien y penser, tu as le droit de dire n’importe quoi et visiblement, tu y fais vraiment honneur.
Parce que je ne sais pas si tu le savais, mais c’est rendu rare en câline de bine des emplois dans le public où tu peux tasser une collègue en avançant des trucs nébuleux. C’est encore plus rare un emploi dans le public où tu peux te permettre de faire une « joke » vraiment cinglante à l’égard d’un député qui est à l’hôpital. Et là, c’est le « top » quand après avoir fait une « joke » comme ça, tu peux te permettre de remettre de l’huile sur le feu en disant que tes propos reflétaient ta pensée.
J’espère que tu le réalises, mais tu es vraiment privilégié d’avoir un travail comme ça. Par contre, je vais te donner un conseil d’ami: à « joke » dont on s’excuse, à « joke » à moitié pardonnée. Parce qu’on a beau avoir le bon Dieu de notre côté, c’est toujours pratique d’avoir aussi du vrai monde de son côté. Merci encore Jean et passe un bel été!